
L’oud, un bois asiatique rare, jouit d’un prestige pluri-séculaire. Il est de plus en plus prisé en parfumerie, en raison de ses qualités aromatiques. Mais l’arbre dont il est issu est en péril. Des solutions sont mises en place pour le préserver et continuer à profiter durablement de ce trésor olfactif.
Qu’est-ce que Bois de oud a bruler ?
Ce bois résineux, originaire des forêts tropicales et pluviales d’Asie, ne manque pas de noms pour le désigner. Oudh, calambac, bois d’agar, d’aloès, d’aigle ou de gélose, ou encore bois des dieux, sont quelques-unes de ses nombreuses appellations.
Le bois d’agar est issu de l’Aquilaria, un arbre de la famille des Thymelaeceae, qui pousse à l’état naturel sur une grande partie du continent asiatique, des pieds de l’Himalaya jusqu’en Papouasie-Nouvelle-Guinée. S’il bénéficie d’ombre et d’eau en quantité, cet arbre croît rapidement et se contente de sols variés.
Son bois produit une résine parfumée par réaction contre des parasites (insectes ou champignon Phialophora) pour se protéger. Une quinzaine d’espèces d’Aquilaria générant cette substance ont été répertoriées, parmi lesquelles malaccensis, crassna, grandfolia et chinensis. Retirer les parties pourries -et donc aromatiques- du bois permet à l’arbre de ne pas mourir.
Bois de oud a bruler et mysticisme
Le commerce de l’oud existe depuis des milliers d’années. Son nom vient de l’arabe «al-oud» qui signifie «bois». C’est également l’appellation arabe d’un instrument en bois, le luth.
Très apprécié et entouré de mysticisme, l’oud est employé comme encens depuis fort longtemps. Il entre dans la composition de parfums (résine distillée) et possède des propriétés médicinales.
C’est principalement au Moyen-Orient, au Japon et en Chine que l’utilisation de l’Oud est la plus répandue. Il est présent dans les traditions et dans de nombreux rituels religieux, des temples bouddhistes nippons jusqu’aux mosquées du Maroc. Au Moyen-Orient, des guérisseurs l’emploient lors de cérémonies curatives.
L’oud en parfumerie
La senteur du bois d’oud s’apparente à la famille olfactive des boisés et des orientaux. On la décrit comme résineuse et fumée. Elle possède des notes boisées, animales et épicées, parfois comparées à l’odeur du santal, du cuir ou du patchouli.
Comme le vin, les huiles d’oud se bonifient avec l’âge et prennent de la valeur. Leur coût peut alors varier de quelques euros à plus de 20 000 euros le kilo.
Chez les parfumeurs, il existe un engouement pour la nouvelle niche qu’offre l’oud. De grands noms comme Armani, l’Artisan Parfumeur, Christian Dior, Caron ou Tom Ford ont déjà créé leur parfum au bois d’agar.
Usages médicinaux et culinaires
L’oud est traditionnellement utilisé en aromathérapie. Selon le savoir empirique ancestral, il serait tonique et énergétique.
Son huile posséderait des vertus appréciables pour la sphère urinaire (diurétique notamment) et apaisantes pour les systèmes nerveux, respiratoire et digestif.
Il est utilisé dans des lieux de méditation et lors de rituels religieux car on lui prête le pouvoir de purifier le corps et l’esprit.
En gastronomie, dans les régions où il est produit, l’oud est utilisé comme ingrédient pour les curies et pour aromatiser des boissons comme certains vins locaux ou encore le thé, auxquels il apporte ses bienfaits.
Un arbre menacé
Trouver un Aquilaria en forêt nécessite parfois plusieurs jours de marche. Ce qui explique la rareté et le prix élevé de l’oud.
Tandis que certaines exploitations respectueuses prélèvent uniquement les parties utiles du bois (pourries), d’autres procèdent à l’abattage des arbres entiers et sains, pour vendre des copeaux de qualité inférieure.
Huit variétés d’Aquilaria figurent déjà parmi les espèces en voie de disparition dans la liste de l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature).
Développement durable
En partenariat avec l’IUCN et sur demande de l’Indonésie, la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) réfléchit à des solutions de sauvegarde.
L’Aquilaria crassna fait désormais partie des espèces protégées au Viet Nam. Mais tant que l’on recourt à des récoltes en milieu naturel, de simples restrictions ne permettront pas une conservation durable des arbres.
Aucune alternative chimique à l’essence d’oud ne peut être envisagée car son arôme complexe serait très difficile et coûteux à synthétiser.
Des plantations sont à l’essai et des méthodes fructueuses ont été trouvées pour la production de résine sur de jeunes arbres. La fondation Rainforest Project, par exemple, suit de tels projets au Viet Nam. La mise en place de pépinières permettra de fournir des graines et boutures pour de futures plantations asiatiques.